La biodiversité du Makay

Le lémurien, animal emblématique de Madagascar a trouvé refuge dans les forêts du Makay. Peut-être plus ici qu’ailleurs sur l’île, la difficulté d’accès de l’intérieur du massif a garanti aux lémuriens d’y avoir été laissé relativement tranquille. On ne trouve aujourd’hui pas moins de dix espèces de lémuriens diurnes et nocturnes dans le Makay, ce qui en fait l’écosystème malgache abritant la plus grande diversité d’espèces de ce prosimiens. Mais le lémurien est loin d’être le seul à habiter le Makay…

Pour en savoir plus sur la faune du Makay

Le Makay habrite une flore unique. Du Canarium au Pandanus en passant par le Tapia, ces espèces végétales sont le refuge des espèces animales du Makay. Du fond des canyons humides jusqu’au sommet des crètes, la flore a su s’adapter à des conditions très rudes.

Pour en savoir plus sur la flore du Makay

Le contexte

Avec une richesse biologique exceptionnelle mais une déforestation totalement incontrôlée, Madagascar fait largement partie des hotspots de la planète. Isolé du continent africain puis de l’Inde il y a respectivement ~120-150 et ~90 millions d’années, Madagascar suscite dans la communauté scientifique de nombreuses interrogations et particulièrement sur l’origine d’une partie de sa biodiversité actuelle.
En effet, plusieurs grandes lignées évolutives endémiques à Madagascar ont pour origine des vagues successives de colonisation -depuis le stock africain- pendant le cénozoïque (>65 millions d’années), c.-à.-d. bien après son isolement dans l’océan indien. Cependant, le canal du Mozambique large de 450 km, qui sépare l’Afrique de Madagascar d’une part, et l’orientation de ses courants de surface d’autre part, opposent une barrière infranchissable aux déplacements des animaux terrestres tels que les primates, carnivores ou rongeurs.

Ce problème qui se formule en d’autres termes par « d’où, quand et comment ces animaux sont arrivés à Madagascar ? » a été qualifié d’un des plus grands mystères de l’histoire naturelle de notre planète.

Plusieurs scénarios ont été proposés pour expliquer l’origine des Lémuriens, Tenrec, Fossa et autres animaux emblématiques de Madagascar comme notamment la théorie des radeaux dérivants. Cette théorie pose comme hypothèse que des évènements rares à notre échelle de temps, comme le transport accidentel d’animaux par des radeaux naturels, deviennent de facto fréquents et potentiellement efficients à l’échelle des temps géologiques. Cette hypothèse, largement débattue dans la communauté scientifique, est actuellement soutenue par des modèles paléo-océanographique et paléo-géographique permettant de reconstituer les positions successives de Madagascar lors de sa dérive et l’évolution de l’orientation des courants marins lors de la genèse du canal du Mozambique jusqu’à aujourd’hui.

Quelque soit l’origine de ces lointains ancêtres, les premiers migrants et leur descendance isolés des autres terres émergées ont alors subi les processus évolutifs qui sont à l’origine de cette faune diversifiée, unique et strictement endémique à Madagascar. La structure et la magnitude de cette biodiversité trouvent par ailleurs leur origine à travers la grande diversité des habitats malgaches en termes de géologie, de reliefs et de (micro)climats.

L'état des lieux

Madagascar est caractérisée, de par son contexte particulier, par son taux d’endémisme, c’est à dire par la quantité d’espèces qui, parmi toutes les espèces présentes à Madagascar, n’existent nulle part ailleurs dans le monde.

Macro-endémisme tout d’abord, puisque 75% de toutes les espèces connues à Madagascar, ne se trouvent qu’à Madagascar. Ce taux d’endémisme atteint 90% et plus, non seulement chez les vertébrés comme les mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, pour les plantes à fleurs mais aussi parmi les invertébrés avec pour exemple marquant un taux d’endémisme de 97% chez les mollusques continentaux.

En outre, les espèces au sein de ces différents groupes présentent des aires de répartition restreintes à différents écosystèmes spécifiques de Madagascar, et ne sont ainsi pas représentées sur tout le territoire malgache. Ce micro-endémisme est remarquable notamment pour les lémuriens avec ~70 espèces et sous-espèces majoritairement micro-endémiques.

Par ailleurs, parmi ces 70 espèces de lémuriens, 21 espèces ont été décrites sur la dernière décennie et une douzaine est en attente de description. Et, depuis le début des années 90, 111 espèces d’amphibiens ont été découvertes et décrites, sur les 244 actuellement connues de Madagascar. Un taux de découvertes trois fois supérieur à celui enregistré au niveau mondial pour ce groupe.

En outre, une étude récente a montré que la richesse spécifique en amphibiens malgaches atteindrait 465 espèces, presque le double de ce qui est actuellement connu.

Ce taux d’accroissement des connaissances indique que l’inventaire actuel de la biodiversité malgache ne reflète qu’une fraction de la réalité biologique. Et si l’on considère que les vertébrés ne représentent que 2,7% de la biodiversité de la faune planétaire, il est raisonnable de penser qu’il existe un réservoir important de découvertes parmi les invertébrés. Les découvertes sont à attendre principalement parmi les insectes, arachnides, mollusques et nématodes et dans les écosystèmes peu étudiés car difficilement accessibles pour diverses raisons : économique, politique, pénibilité ou dangerosité des milieux, etc.