Histoire de la conservation du Makay

En novembre 2001, l’animateur de télévision Nicolas Hulot survole en montgolfière le massif du Makay lors du tournage de son émission Ushuaia Nature. Les images aériennes sont spectaculaires et le message clair : personne n’a jamais mis les pieds dans ces profonds canyons qui font office de coffre-fort de biodiversité. À ce moment là, passionné d’exploration et sous le charme de ces images, le photographe et scientifique Evrard Wendenbaum rêve déjà d’aller sur place.

 

En août 2004, il part d’Antananarivo en vtt, pour un périple à destination du Makay. Cependant, les pistes sont sablonneuses et Evrard arrive péniblement à atteindre les villages situés au pied du massif. En l’absence de cartes précises et de guides aptes à l’emmener, il se résigne à ne voir les montagnes que de loin.

Cette première tentative est un échec, mais n’est que partie remise. En réalité, ce voyage lui permet de prendre conscience de la difficulté d’accès au massif, des feux de brousse qui menacent la nature du territoire malgache et de l’omniprésence des dahalos (voleurs de zébus).

 

Convaincu que le Makay renferme une richesse biologique inestimable, Evrard lance en août 2007 une nouvelle expédition de reconnaissance. Grâce aux images de Google Earth, une équipe de 11 personnes (dont huit porteurs) pénètre pour la première fois dans le labyrinthe de canyons du Makay. Ils filment, photographient et notent tout ce qu’ils peuvent sur les écosystèmes rencontrés, les passages découverts, les animaux et plantes observés. Ils récoltent notamment plus de 40 espèces de plantes, des échantillons qui sont ensuite envoyés au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, et découvrent aussi un patrimoine archéologique inattendu : les premières peintures rupestres de Madagascar.

 

Les écosystèmes rencontrés sont variés et les paysages somptueux. La richesse de la biodiversité est évidente (en témoignent les 5 nouvelles espèces de plantes découvertes dans l’herbier rapporté), la richesse archéologique également.

Mais la fragilité et l’extrême vulnérabilité de ce territoire d’exception sont elles aussi évidents. Et c’est le triste constat des ravages causés par les feux de brousse à l’intérieur même du massif et de ses plus profonds canyons qui incite Evrard à s’engager corps et âmes pour la protection du massif du Makay.

Dès son retour en France, il tire alors de cette exploration le documentaire « Makay, le dernier éden » dans l’espoir de trouver des partenaires pour lancer les premières initiatives concrètes de conservation.

 

Grâce à des partenaires privés et après avoir fondé en août 2009 – avec Emeric Mourot – l’association Naturevolution pour porter le projet, il lance en décembre de la même année la première mission scientifique jamais menée dans le Makay et embarque une douzaine de scientifiques pour près de 4 semaines sur le terrain.

Au sortir de cette mission, le constat est simple et unanime : il faut impérativement y retourner et au plus vite. En effet, les milieux naturels du Makay sont d’une immense richesse mais, compte-tenu des menaces qui sont nombreuses, leur survie dépend de notre vitesse d’intervention.

 

Quelques mois plus tard, après avoir convaincu les meilleurs spécialistes et obtenu le soutien de Canal+ et de diverses fondations, Evrard lance – toujours sous l’égide de Naturevolution – en octobre 2010, l’une des plus grandes missions d’inventaire de la biodiversité jamais menée à Madagascar ; et emmène dans les canyons du Makay durant trois mois près de 60 scientifiques internationaux de toutes disciplines.

Cette mission exceptionnelle donne lieu à de magnifiques découvertes archéologiques et biologiques, mais aussi à deux documentaires dont le premier documentaire d’aventure en 3D « Makay, les aventuriers du monde perdu », une exposition à la Cité des Sciences, un livre aux Editions La Martnière « Makay, à la découverte du dernier éden ».

 

Dès la fin des expéditions Makay, Evrard et Emeric ont initié des actions concrètes de conservation dans les domaines suivants : la reforestation, l’éducation à l’environnement, le développement de l’activité éco-touristique naissante ainsi que de premières missions écovolontaires ; tout cela en lançant les démarches officielles de création de l’Aire Protégée.

Quelques années plus tard, afin de pouvoir être nommé officiellement promoteur de l’Aire Protégée du Makay, Naturevolution a impulsé la création en 2014 de l’association partenaire locale Naturevolution Makay.

 

En 2017, la Nouvelle Aire Protégée du Makay est officiellement créée et Naturevolution Makay en est nommée gestionnaire délégué par le Ministère de l’Environnement, de l’Écologie et des Forêts ainsi que par le Ministère de la Culture, de la Promotion de l’Artisanat et de la Sauvegarde du Patrimoine. Des accords-cadres, conventions et partenariats avec les entités dirigeantes ont été mis en place autant à l’échelle nationale que régionale et locale.

L’arrêté portant inscription du Makay dans le patrimoine culturel national a été signé en juillet 2017, et celui de la mise en protection du Makay le 21 novembre 2017 puis renouvelé en août 2019.

 

Malgré ces arrêtés, la protection du Makay n’a rien d’effective et les actions d’urgence sont toujours indispensables. Naturevolution continue donc à développer ses actions toujours plus en adéquation avec les besoins des communautés locales et en accord avec les autorités.

Naturevolution porte toutefois aujourd’hui, avec les mêmes objectifs de conservation d’urgence, de nouveaux projets dans d’autres régions extrêmement riches en biodiversité, difficiles d’accès et menacées de notre planète.